Le meurtrier présumé d’Eric Ploussard est jugé devant la cour d’Assises de la Marne depuis lundi. Antonio Martins, 54 ans, est accusé d’avoir tué son ami en faisant exploser ses testicules avant de se débarrasser de son corps dans la Marne dans la nuit du 26 au 27 octobre 2019 à Châlons-en-Champagne et de prendre la fuite. Une affaire sur fond de marginalité, d’alcool et de jalousie. L’accusé risque 30 ans de prison.
Après une journée d’ouverture du procès consacrée à la constitution du jury et à l’audience d’une officière et d’une commandante de police chargées de l’enquête, ce mardi, la deuxième journée d’audience voit d’autres témoins se succéder à la barre : des proches de la victime.
La victime, un homme généreux qui traîne un problème d’alcool
Son ex compagne Dounia* et Kevin*, ami d’Eric et hôte de la pendaison de crémaillère organisée cette nuit du 26 octobre où tout à basculé. Ils dressent un portrait de la victime. Éric Ploussard, 52 ans le soir de sa mort, est décrit par les témoins comme un homme très instruit, très gentil et généreux. Mais il a un problème d’alcool : “dès qu’il boit, il peut vriller“, “il est insistant” dit Kévin, “n’écoute rien ni personne” avoue Dounia. C’est un consommateur quotidien. Avec lui, toujours une gourde de whisky ou autre. Jamais de verre dans un bar.
Issu d’un milieu plutôt aisé, Eric Ploussard fait des études de commerce. Dans sa vingtaine, il travaille dans le monde de la musique à Paris, se fait licencier et avec ses indemnités, s’offre un voyage en Jamaïque. Il y rencontre la mère de sa fille unique, Ingrid*. Présente à l’audience, la jeune femme de 21 ans aujourd’hui “entretient des rapports assez rares” avec son père selon Kévin, mais “il est fier qu’elle fasse des études“. Ils se parlent sur Facebook . Eric profite de l’ordinateur de Kevin pour discuter avec sa fille, parce que le quinquagénaire n’a ni internet, ni chauffage chez lui et ne possède ni téléphone portable, ni carte de crédit.
Au cœur du conflit : une jalousie maladive
La description typique d’un marginal. Tout comme son ami et meurtrier présumé. Antonio Martins boit moins d’alcool qu’Eric, mais il fume beaucoup de joints. Lui grandit aux côtés d’un père violent avec sa mère. Étudiant, il se lance dans un CAP carrosserie qu’il ne valide pas. Par la suite, il enchaîne les jobs jusqu’en 2016 puis se retrouve sans emploi avec pour seule ressource une allocation handicapée (AAH).
Un autre point commun lie les deux hommes : Dounia. Depuis qu’Eric les a présentés, un an auparavant, en 2018, Dounia et Antonio roucoulent. Enfin, ils entretiennent une relation tumultueuse, notamment à cause de la jalousie maladie qu’Antonio ressent à l’égard d’Eric.
L’accusé a une très forte tendance à la victimisation, au mensonge et à la manipulation.
Le soir du drame, Dounia a refusé d’accompagner Antonio à la pendaison de crémaillère de Kévin. “Antonio, Eric et moi ça va pas le faire“, lâche-t-elle. D’Antonio, elle raconte qu’il “est particulièrement jaloux d’Eric“. Quand Kevin rend visite à Eric, Antonio lui demande systématiquement si Dounia y était elle aussi. Il pense qu’elle le trompe avec Eric. Et effectivement, ils passent du temps ensemble. Quand ça ne va pas, Dounia fait un arrêt chez Eric qu’elle dit connaître comme sa poche. Une relation platonique entre ex. Selon Kevin, Dounia, pour Eric, “c’est du passé“.
Mais Antonio lui, ne l’entend pas de cette oreille. De lui, Dounia dit qu’il est impulsif. Il se tape la tête contre les murs, il casse des choses. Le 26 octobre, jour du meurtre, il va jusqu’à exploser un aquarium de 60 litres chez Dounia avant de se rendre à la pendaison de crémaillère, la main ensanglantée. Il veut qu’elle l’accompagne, elle non, il sait que son refus a un rapport avec la présence d’Eric.
L’impulsivité “chronique” d’Antonio Martins est un trait de caractère que souligne l’expert psychologue. L’accusé a également “une très forte tendance à la victimisation, au mensonge et à la manipulation“. Contrairement à ce qu’il avance, l’accusé n’est pas “bipolaire”, assure l’expert, il n’a pas de dédoublement de personnalité.
Pourquoi arracher les testicules ? l’expert ne se l’explique pas. Encore moins pourquoi Antonio a entièrement déshabillé Eric avant de jeter son corps dans la Marne. Antonio Martins reconnaît son implication dans la mort d’Eric Ploussard mais “ne manifeste aucune honte ni responsabilité” selon le psychologue. A l’ouverture du procès, Antonio Martins n’a d’ailleurs eu aucun mot, aucun regard pour la famille de la victime assise sur le banc d’en face.
La fille et le frère de la victime seront entendus ce mercredi par la Cour d’Assises de la Marne. Le verdict doit tomber vendredi.
*Les prénoms ont été modifiés
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