A Paris XVe, un établissement s’est reconstruit sur ses fondations. Restructuré, surélevé, métamorphosé, il a quasiment doublé sa surface.

 

Les architectes rêvent-ils de dentisterie ? A preuve cette « dent creuse », typiquement parisienne, qui faisait grise mine… Un immeuble faubourien dévitalisé, sans grande personnalité, médiocrement enraciné de surcroît dans des fondations fragiles. Le genre de situation contrainte qui galvanise, contre toute attente, des maîtres d’œuvre habiles à déployer leur art au service d’un programme. Ici, au nord du XVe arrondissement de la capitale, dans la discrète rue Fondary, rien moins qu’une surélévation de quatre étages ! A l’origine, l’ancien hôtel Wallace n’avait rien de séduisant avec son rez-de-chaussée surmonté d’un étage coiffé de combles et de lucarnes. Il a été métamorphosé au terme d’une opération de surélévation qui assure désormais une homogénéité avec le front bâti sur la rue et, plus largement, avec son environnement. « Rien de criant ici, il s’agit d’un projet discret de reconstruction de la ville sur la ville », commente sobrement son architecte, Silvio d’Ascia, déjà rompu à l’exercice du rehaussement sur des opérations antérieures, pour des particuliers et des promoteurs.

L’édifice avant restructuration : une « dent creuse » comme
la capitale en comporte tant.
– © SIL VIO D’ ASCIA ARCHITECTURE
Coupe transversale au droit
du patio central.
– © SILVIO D’ASCIA ARCHITECTURE

Aluminium bleu nuit. Le bâtiment, un quatre-étoiles en R + 5 désormais, a été édifié à l’aide d’une structure mixte acier-bois prenant appui sur les deux niveaux préexistants (en maçonnerie et planchers bois), après reprise impérative en sous-œuvre des anciennes fondations et des murs périphériques. En façade, la surélévation s’affirme peu à peu par l’agrandissement de l’encadrement métallique en aluminium bleu nuit des percements sur rue, renforcés par un jeu d’ombre et de lumière créé par les stores-bannes et la présence du végétal. La façade sur rue affiche désormais 15,5 m de hauteur au faîtage contre 7,5 m auparavant. « Cette surélévation est surtout visible à l’arrière du bâtiment, relève Silvio d’Ascia. Grâce à cela, l’avis favorable de l’architecte des bâtiments de France a été plus facile à obtenir. » L’hôtel rénové propose à présent 45 chambres au chic rétro de bon aloi, au lieu de 30 à l’origine. Mesurant de 13 à 18 m², elles sont organisées autour d’un patio intérieur surmonté d’une verrière, qui éclaire, en sous-sol, l’espace du lounge bar et la salle des petits-déjeuners. Une salle de fitness et une courette de 12 m² parviennent même à se glisser dans le programme à ce niveau. Au dernier étage, une suite de 28 m² offre une vue panoramique et un balcon filant sur la rue Fondary. En toiture, insoupçonnable depuis la rue, un rooftop de 70 m2 – avec vue sur la tour Eiffel, sauna et bain scandinave à 38 °C – a été aménagé, planté de cyprès, de vivaces et autres arbustes persistants. Un douillet cocon où célébrer Paris !

Au calme, en retrait de la rue, le rooftop
avec sauna.
– © TAKUJI SHIMMURA
Le patio intérieur, coiffé d’une verrière, éclaire
jusqu’au sous-sol.
– © TAKUJI SHIMMURA

Maîtrise d’ouvrage : Orso Hôtels.

Maîtrise d’œuvre : Silvio d’Ascia Architecture (architecte), Hauvette & Madani (architectes d’intérieur). BET : Make Ingénierie (structure), Pinard Ingénierie (fluides, économiste, maîtrise d’œuvre d’exécution), Venathec (acoustique), Paris Pousse (végétalisation).

Surface : 1 690 m2 dont 790 m² de surface créée (470 m² en étages et 320 m² en sous-sol).

Coût des travaux : 5 M€ HT.

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