C’est le retour d’une pratique qui avait déjà séduit par le passé: construire sur le toit pour rehausser sa maison ou son immeuble. Les pouvoirs publics encouragent aujourd’hui cette pratique, c’est une manière d’augmenter la densité urbaine et de construire en vertical dans les villes où l’espace manque. Mais en pratique, pour les particuliers, l’opération n’est pas simple.

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«Beaucoup de gens s’intéressent à la surélévation et de nombreuses sociétés se créent sur ce thème, reconnaît Mathias Boutier, président de la start-up Bam (Because Architecture Matters), une plateforme qui met en relation clients et architectes sélectionnés. Mais ceux qui vont jusqu’au bout sont minoritaires.» Parmi les heureux élus, il identifie deux typologies. D’un côté, les copropriétés qui s’organisent pour surélever leur immeuble en autopromotion ou souvent en revendant le droit à construire à un promoteur avant de se partager les fruits de la vente. Et de l’autre, la solution la plus simple, les propriétaires uniques d’un immeuble ou d’une maison.

Négocier avec la copropriété

«À chaque fois, il y a plusieurs étapes à franchir, précise Mathias Boutier. La première est urbanistique et architecturale. Il faut s’assurer que le PLU et les architectes des bâtiments de France permettent ce genre de projet et aussi que l’immeuble soit apte à supporter la nouvelle construction. Et ensuite, les choses sérieuses démarrent.» Même si la loi Alur facilite la surélévation dans les zones les plus tendues en exigeant seulement une décision à la majorité simple et non pas des deux tiers, obtenir l’adhésion de la copropriété reste la mission la plus délicate. Au final, à en croire Mathias Boutier, à peine 10 % des dossiers débouchent sur une réalisation.«Je n’ai jamais rencontré de difficulté technique incontournable sur une surélévation, reconnaît l’architecte Tanya Klyne. En revanche, les copropriétés qui coincent, les rivalités et les jalousies sont beaucoup plus courantes.»

La situation la plus délicate reste celle du propriétaire isolé au dernier étage souhaitant surélever. Il doit alors convaincre le syndicat des copropriétaires de donner son accord de principe et aussi obtenir un prix acceptable par toutes les parties. On s’approche alors souvent du prix du mètre carré construit auquel on soustrait le montant des travaux.

Toits-terrasses et balcons

Parfois, un propriétaire habile peut convaincre une copropriété lorsque la toiture est endommagée et qu’il lui évite tous travaux grâce à cette surélévation.

L’opération la plus simple et la plus avantageuse financièrement reste la surélévation de maison. Tanya Klyne se souvient ainsi d’avoir pu boucler pour 70.000 euros tout compris un dossier pour faire gagner 40 m2 à une maison de Montreuil (Seine-Saint-Denis) en R + 1. Créer un mètre carré pour 1 750 euros, alors que les prix de vente dans l’ancien dépassent 4 000 euros, voilà qui est avantageux…

«Les propriétaires avaient déjà ciblé les entrepreneurs pour s’assurer de ne pas dépasser leur enveloppe, se souvient Tanya Klyne. Et dans la mesure où il y avait des combles, nous avons pu nous appuyer sur un plancher existant, ce qui a facilité les travaux.» Une preuve, rassurante, que l’on peut, parfois, échapper au parcours du combattant.

De son côté, l’architecte Jean-Thomas Finateu surfe lui aussi sur la tendance de l’optimisation de l’espace. Après avoir créé Chambren+, un service pour créer une chambre supplémentaire au sein de son appartement sans avoir à déménager, il a lancé Jardinen+. Il propose diverses formules de végétalisation, qui passent souvent par des surélévations et des créations de toits-terrasses et/ou des balcons. Là aussi, la perspective de mètres carrés supplémentaires que l’on ne paiera pas le prix fort séduit un nombre grandissant d’acheteurs.

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