Lorsqu’un architecte réalise un projet de surélévation sur un petit immeuble parisien situé rue de l’Harmonie, forcément il ne peut pas se permettre de créer une verrue, un élément complètement plaqué sur la structure d’origine… Dans cet exercice délicat, la jeune agence d’architecture Rotunno Justman a parfaitement tiré son épingle du jeu puisque cette bâtisse du 15e arrondissement qui ne disposait auparavant que de deux étages s’intègre désormais mieux à son voisinage du haut de ses quatre étages.
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L’obstacle le plus courant pour réaliser une surélévation, l’opposition de la copropriété, n’avait pas lieu d’être puisqu’une SCI détenait l’immeuble. Cette construction industrielle du 19e siècle avait été restructurée en 1997 et fait office d’immeuble locatif. Maria Giulia Rotunno et Ary Justman proposent à leur client l’ajout de deux niveaux permettant de créer deux appartements de 60m² chacun ainsi qu’un balcon filant au 3e étage et un petit toit-terrasse. L’ensemble a été réalisé pour un budget de 3800 euros HT du mètre carré (pour 122 m²), un tarif plutôt intéressant au vu des prix immobiliers parisiens.
Une «boîte de lumière»
«Il y a beaucoup de projets de surélévations qui semblent écrasés au sommet d’un bâtiment, nous voulions quelque chose qui ait l’air suspendu», explique Ary Justman. Une envie de légèreté qui colle bien aux besoins du bâtiment puisqu’il a fallu choisir une structure la moins lourde possible pour que les étages du bâtiment supportent sans encombre deux étages supplémentaires. D’où cette charpente en bois et cet escalier métallique aérien. Et le second parti pris consiste à éclairer au maximum le logement par la lumière naturelle en faisant notamment du dernier étage une «boîte de lumière» avec sa verrière et ses grandes baies coulissantes selon l’expression des architectes. Un goût pour l’épure et pour la légèreté que les deux architectes ont notamment développé dans les célèbres agences japonaises où ils ont travaillé auparavant (Shigeru Ban et Sou Fujimoto, notamment).
Autres astuces, utiliser des encadrements de porte hauts pour agrandir l’espace, comme l’explique Maria Giulia Rotunno. Ou encore recourir à une double peau en tôle d’acier perforée et nervurée qui vient revisiter de manière contemporaine le thème de la lucarne, tout en garantissant vue et intimité à ses occupants. Le clou de l’appartement du dernier étage (destiné à la location comme le reste de l’immeuble) est bien évidemment le toit terrasse sur deux niveaux. Suivant la pente de la charpente, le toit se transforme en colline plantée (du moins quand la végétation aura poussé…) avec des plantations en terrasse évoquant des courbes de niveau. Une zone plantée qui doit assurer un peu de fraîcheur en été tout en absorbant une partie des eaux pluviales.
Mais si ce logement du 4e étage sera forcément le plus prisé, celui crée au 3e étage n’a pas été oublié. Il bénéficie notamment d’un balcon filant très graphique et sa cuisine est parfaitement optimisée grâce à une niche s’ouvrant sur l’arrière de l’immeuble où ‘ personnes peuvent s’installer confortablement.
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